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COSMÉTHIQUE

« Finalement, si ce n’est pas la bipédie qui sépare l’homme de l’animal, qu’est-ce que c’est ? C’est surtout le langage, le feu et surtout la deuxième coévolution : à partir de – 2 millions d’années, les vrais hommes, Homo Erectus, créent des espaces techniques et culturels qui vont les amener à évoluer très vite (…) Ce qui fait l’humain, c’est sa capacité à s’installer dans des récits, des mondes symboliques : c’est ce qu’on appelle la cosmétique, nous sommes les seuls à nous transformer avec du maquillage, des coiffures, des vêtements. » Pascal Picq.

What the past and present open up to us are ways of being other than what we are. De-centering our world means opening up futural possibilities that could be thought through the encounter with cosmologies different from our own by also showing us how other humans, or our past selves, have been. If we take design to be the materialization of future dunamis, i.e possibility, that transforms the future into entelecheia, i.e. something concrete, then we can think of design as a practice of speculating and materializing new forms of cosmotechnics, to borrow the term from the Chinese philosopher Yuk Hui to describe local, non-Anglo-European systems of technology.

Ahmed Ansari, Reconceiving Design from the Perspectives of Design’s Others : Cosmological Perspectivism, Cosmotechnics, & Designing for the Pluriverse.

Je ne comprend pas vraiment pourquoi Ahmed Ansaari nous propose ce terme « cosmotechnic » – et ce bien que je l’ai employé de nombreuses fois pour essayer de comprendre mon travail – pour qualifier ses approches du design dont l’objet vise à « outiller » des façons de faire plusieurs mondes dans un monde.
Alors qu’il existe un mot dont la beauté, peut-être un peu salie par une industrie trouble, est associée aux vanités superficielles. Ce mot, Pacal Picq nous le rappelle, c’est la cosmétique. Il montre qu’effectivement, la parure est pour l’humanité l’intermédiaire d’une relation au monde. Il étend la définition de cette pratique de l’ornement à une façon de faire monde qui repose sur l’ethos ( le rituel, l’habitude, la sociabilité) à la différence du techné de la « cosmotechnic » (la production, la fabrication matérielle, le geste efficace,…).

J’aime cette idée d’un « design cosmétique » qui de fait le libère d’un alibi utilitaire. Elle donne, il me semble, à la dimension formelle de la discipline, le rang d’une nécessité qui sublime la question de son utilité.