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Le retour des petits drapeaux

C’est le retour de l’équipe EVASION, composés principalement ce matin là de chercheurs de l’école des mines. Retour sur les premières analyses issues des captures précédentes.

Un tour de ferme.

Jeudi dernier sont venus Karine, Mathieu, Olivier, Steeve et Fred. Nous échangeons à propos des résultats du premier échantillonnage des sols : il y a des cartes de couleurs du vert au rouge. Une pour chaque métal retrouvé. Il y a du zinc, du cadmium et du nickel,… le site est effectivement pollué, au sens où les seuils de concentration de ces métaux, à certains endroits sont dépassés.

L’idée de seuil questionne, nous nous faisons la réflexion avec Karine qu’ils ne sont pas identiques suivant la région du monde et probablement la pression minière qui s’y opère.

On fait le tour des installations, j’explique comment j’ai procédé pour fabriquer les tours à rhizomes et comment je compte opérer par la suite. Des questions se posent sur la façon de tailler la renouée. Faut-il couper au dos du premier étage et poser le second par dessus, ou bien faut-il couper au dessus de l’étage suivant. c’est assez difficile à déterminer. Il faudra que j’ en parle avec Florence Piola, notre collègue biologiste pour prendre une décision.

 

L’agentivité du coq.

Chacun se remet à ses occupations. Je propose d’aller chercher quelques outils pour faire un bac, l’amicale voulait faire un test de jardinage sur compost sur la friche. On y plantera quelques courges se sera très bien. Du moins c’est ce qu’on s’imagine. Les poules puis malheureusement la sécheresse intense cette année auront malheureusement raison des cucurbitacées. C’est que les coqs y ont trouvé un parfait aire pour fouiller dedans et s’épouiller… Un conflit d’usage que pointera rapidement Mathieu. Je n’ai pas donné suite. Je dois dire que je suis mal à l’aise et irrésolu quant à ce que représente symboliquement comme invitation à demeurer, voir à consommer les produit d’un sol que je sais maintenant toxique.

interroger les fonctions signalétiques du dispositif expérimental.

En fin de matinée, Olivier vient vers moi et fait une remarque qui me questionne. Tu ne crois pas que les renouées qui poussent en dehors des tours à rhizôme devraient être coupées pour qu’on voit un peu mieux les dispositifs ?
« parce que bon, on ne voit plus vraiment ce qu’il se passe… C’est toi l’esthète, mais bon,… » Il reviendra sur ce conseil dans un mail suivant.

Cette remarque me questionne à plus d’un titre parce qu’Olivier, me semble-t-il exprime plusieurs choses en même temps :

– la dimension signalétique du dispositif : comment est il vu, perçu par un éventuel public , sa possibilité à communiquer qu’il est « en train de se passer un truc » voir son affordance (la forme communique l’usage – donner des indications sémantiques voir didactiques : qu’est-il est en train de se passer ?)

– A contrario, est ce que ce sont les représentations sur « ce qui est propre » qui agissent sur Olivier – et le rapport du dispositif au public qui de fait préoccupe le chercheur engagé dans le dispositif ? Par ailleurs, si le dispositif a l’air « négligé », « envahit », ne va-t-il pas encourager des dégradations de la ferme et de ses installations ?

– Pour autant, sur le plan biologique, comment le fait de maintenir propre autour de la tour ne va pas affecter le comportement de la plante ? et de fait altérer le protocole d’expérimentation ? Est-ce que ça peut-être une conduite agronomique ? On sait que tailler en arboriculture permet d’améliorer parfois un rendement ou une ergonomie de la plantation. Ces façons de mettre en forme et de conduire la croissance des végétaux, de fait relèvent d’une pratique de design. On peut d’ailleurs relever différents design suivant les types d’arbres ou de plantes taillées et les résultats escomptés. On peut ainsi citer les tailles en espalier (gain de place, forçage climatique, murissage des fruits), les tailles en gobelet (aération et murissage des fruits,…),… La taille dans notre cas favorise un accès aux installations, et a probablement un impact sur la morphologie de la plante et de son rhizome dont nous cherchons à « familiariser » le comportement.

On voit qu’à plus d’un titre, cette question portée sur un plan esthétique et signalétique, engage le design de l’expérimentation sur les effets de réciprocité entre perceptions, représentations symboliques du vivant et pratiques culturales.